Perspectives pour une économie durable (2024)

Perspectives pour une économie durable (1)

Deux sphères géantes en acier sont posées au fond d’un cratère de 50mètres de profondeur grand comme 30 terrains de football en Cornouailles, dans le sud-ouest de l’Angleterre.

L’une de ces structures, aussi appelée biome, recrée le climat d’une forêt tropicale et l’autre celui de la Méditerranée.

Toutes deux abritent des milliers d’espèces végétales et animales, dont certaines sont menacées. Les visiteurs peuvent admirer des bougainvilliers, des bananiers sauvages et des plants de café arabica parmi d’autres espèces végétales qui ne pousseraient sinon pas dans cette région humide du Royaume-Uni.

Bienvenue dans l’Eden Project, un complexe de jardins écologiques que le New York Times a surnommé «la huitième merveille du monde». Ce site reçoit plus d’un million de visiteurs par an.

Difficile d’imaginer qu’à l’origine, Edenqui voit aujourd’hui passer des stars de la pop, des têtes couronnées et des célébrités et accueille des concerts et des sommets du G7a commencé sous la forme d’une dépression argileuse remplie de déchets minéraux que personne ne voulait toucher. La grande régénération environnementale d’Eden a commencé modestement.

En 1998, le cofondateur Sir Tim Smit, un archéologue néerlando-britannique devenu auteur-compositeur-entrepreneur, dessine les tout premiers croquis sur une serviette alors qu’il prend un verre dans un pub avec des collègues. Tout est parti de là, et les débuts n’ont pas été un long fleuve tranquille.

Au cours des premiers mois, les travaux ont été interrompus par de fortes pluies, envoyant 43 millions de litres d’eau dans cette fosse naturelle qui se trouvait déjà 15 mètres sous la nappe phréatique.

Il a donc fallu concevoir un système de drainage spécial pour le cratère. Les 370 km de structure métallique utilisés pour construire les biomes ont permis à Eden d’entrer dans le Guinness Book of Records.

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Aujourd’hui, l’Eden Project est un centre florissant dont la richesse repose sur la biodiversité et la culture. Depuis son ouverture, il a contribué à hauteur de plus de 1,9 milliard de livres sterling à l’économie locale des Cornouailles.

Smit pense que commencer petit est la bonne façon de créer un grand mouvement de développement durable, plutôt que d’essayer d’apporter un changement massif en inondant le public de faits scientifiques alarmistes et de gros titres apocalyptiques sur le changement climatique.

«On n’arrivera jamais à modifier les comportements avec toute une litanie de choses à changer. Il faut comprendre comment mener une bataille. Si l’on veut remporter une victoire, il ne faut pas que la vanité de votre intellect se mette en travers de votre chemin», explique Smit à mega.

«Le mouvement, qui consiste pour l’humanité à vivre au sein des limites qu’elle a, nous oblige à cesser d’être vagues et à remporter quelques victoires. Il faut commencer petit. Imaginez vendre le futur avec «un système pyramidal». Voilà ce que nous devons faire.»

On ne place pas souvent l’optimisme et le changement climatique côte à côte.

Rien que cette année, le monde a eu son dû de catastrophes liées au climat, telles que des canicules, des sécheresses et des feux de forêt en Europe et aux États-Unis, ou encore les inondations qui ont englouti un tiers du Pakistan.

Les chercheurs estiment que jusqu’à 98% des actualités sur l’environnement sont négatives en soi1.

Mais ces annonces pessimistes, étayées par des données scientifiques, n’arrivent toujours pas à inciter l’humanité à agir. Actuellement, la terre est partie pour se réchauffer de 2,7°C d’ici 2100, dépassant ainsi l’objectif de Paris de 1,5°C.

Il y a six ans, les gouvernements du monde entier se sont engagés à réduire leurs émissions de carbone, ce qui a incité des milliers d’entreprises à promettre d’atteindre l’objectif zéro émission nette.

Si vous voulez remporter une victoire, il faut commencer petit. Imaginez vendre le futur avec un système pyramidal. Voilà ce que nous devons faire.

«Pas de la science-fiction»

Vingt ans après l’ouverture d’Eden, le mouvement porteur d’un vent d’optimisme de Smit ne semble montrer aucun signe d’essoufflement.

L’année dernière, Eden a lancé un projet révolutionnaire d’énergie géothermique coûtant 17 millions de livres sterling.

Un puits de 5300 mètres de profondeur a été foré pour exploiter la chaleur dans le granit qui dépasse les 180°C. Dans un premier temps, l’installation devrait produire suffisamment d’énergie pour les biomes, les bureaux et les serres de la pépinière du complexe.

La deuxième phase, qui débutera début 2023 selon Smit, produira 3,4 mégawatts d’électricité, ce qui permettra non seulement de couvrir les besoins d’Eden, mais aussi ceux de nombreux riverains.

D’ici 2025, Eden sera en mesure d’effacer son empreinte carbone et de contribuer à l’objectif de zéro émission nette du Royaume-Uni.

Comme le souligne Smit, l’énergie géothermique est la seule ressource énergétique renouvelable non affectée par la météo. De fait, les installations fonctionnent généralement plus de 90% du temps, ce qui n’est pas le cas des énergies solaire et éolienne qui sont variables et intermittentes.

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Smit estime que le Royaume-Uni et d’autres pays peuvent atteindre dès 2030 leurs objectifs de zéro émission nette fixés à 2050 s’ils épuisent le potentiel de toutes les technologies d’énergie renouvelable telles que l’énergie solaire, éolienne, géothermique, le tout complété par un petit peu de nucléaire.

«Cela pourrait être un succès commercial. Avec l’éolien, le solaire et la géothermie, vous aurez d’énormes excédents d’énergie qui seront vraiment bon marché. Ce n’est plus de la science-fiction», explique Smit.

L’opinion de Smit est étayée par une simulation scientifique récente qui révèle qu’une économie développée lambda qui exploite toutes les technologies disponibles– telles que les pompes à chaleur, les véhicules électriques, l’hydrogène comme vecteur d’énergie, les systèmes de transmission de puissance modernes et le stockage d’énergie de nouvelle génération– est en mesure de réduire ses émissions de 63% entre 2015 et 2035. Au cours de la même période, la production d’électricité à faible émission de carbone augmenterait de 42%2.

Smit ajoute qu’un changement des comportements de consommation actuels en faveur de pratiques circulaires peut également commencer dans une petite communauté.

«Si un groupe de jeunes décide d’arrêter d’acheter de nouveaux vêtements et de lancer une nouvelle culture de réparation de vêtements vraiment hype, et qu’ils en parlent à leurs amis, nous verrons que ce mouvement se répandra comme une trainée de poudre et que la culture de la mode jetable ne sera plus tendance», explique-t-il.

«Dans l’économie circulaire, l’utilisation d’un produit que vous avez en main a déjà son avenir d’écrit. Prenons un réfrigérateur: toutes les pièces sont fabriquées de manière à pouvoir être recyclées et transformées en autre chose.»

Lorsque Smit a récolté des fonds pour le projet Eden, il a rencontré de nombreuses personnes qui lui ont dit que le projet ne réussirait jamais.

«Je leur ai dit: «ne soyez pas celui qui a refusé les Beatles parce qu’il pensait que ce groupe avec des guitares ne réussirait jamais. Vos petit*-enfants ne vous pardonneront jamais», dit-il.

«Nous avons le devoir de voir grand. Il ne faut jamais utiliser le mot «si», mais «quand». Ce mot est incroyablement puissant.»

  1. Infos investissem*nt

    • La géothermie est une source d’énergie renouvelable locale à faible émission de carbone. Elle est disponible dans le monde entier et peut fournir de la chaleur ou de l’électricité tout au long de l’année, indépendamment de la météo. Au Royaume-Uni, elle fournit actuellement moins de 0,3% de la demande annuelle de chaleur du pays, en utilisant seulement une fraction des ressources calorifiques disponibles estimées. Ce domaine peut évoluer considérablement grâce à des investissem*nts à long terme.
    • Les projets d’énergie géothermique sont gourmands en capital, mais leurs coûts d’exploitation sont faibles et prévisibles. Les coûts totaux d’installation globaux pour les centrales géothermiques se situent généralement entre 1870 et 5050 dollars par kW. La Commission européenne (CE) prévoit que ces coûts diminueront d’au moins 26% en moyenne entre 2020 et 2050. Les coûts annualisés de l’énergie électrique des centrales géothermiques s’élèvent à environ 0,07 dollar/kWh, contre 0,05 dollars pour l’énergie solaire photovoltaïque et 0,03 dollar pour l’éolien onshore et 0,08 dollar pour l’éolien offshore.

    Source: gouvernement britannique, IRENA

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